Conférence

Responsabilité et Pouvoir Humain sur le Génome

par Prof. Axel Kahn - Jeudi 29 Mars 2018 à 18h30 Polydôme (Clermont-Ferrand) 

Depuis que les premières méthodes de recombinaison d’ADN ont été mises au point à la fin des années 1970, c’est-à-dire dès l’origine du génie génétique, les biologistes ont rêvé d’acquérir une maîtrise parfaite des modifications qu’ils désirent apporter aux génomes, à des fins scientifiques, médicales ou biotechnologiques. Cependant, les progrès n’ont été que progressifs. Il y a des décennies que l’on évoque les perspectives, à l’origine un brin fantasmagorique, de la thérapie génique germinale, de la création d’humains génétiquement augmentés, de la production de nouvelles variétés végétales et de lignages animaux manipulés à des fins diverses. Beaucoup des mouvements d’opinions opposés aux «organismes génétiquement modifiés » ciblaient le principe même de techniques en réalité encore rudimentaires, leurs incertitudes aussi bien que leurs objectifs s’ils avaient eu les moyens techniques de leurs ambitions.

La gamme des possibilités au service des biologistes moléculaires et des experts en biotechnologies s’est cependant progressivement étendue. Sont apparues ainsi les méganucléases capables d’effectuer des coupures de l’ADN, et de la sorte des insertions de séquences exogènes, en des sites de plus en plus précis du génome. Le dernier en date de ces outils est la construction CRISPR Cas9. Il s’agit d’un système qui rapproche les « biotechniciens » de la réalisation de leur rêve, être capables de modifier - muter, déléter, introduire une séquence étrangère - tout gène de n’importe quelle cellule vivante, avec précision, rapidité et de façon peu onéreuse. En soi, ce progrès n’est pas conceptuellement révolutionnaire puisqu’on l’espérait depuis des décennies. De même, l’éventail de ce que son utilisation pourrait permettre de réaliser a été imaginé et débattu depuis fort longtemps. Cependant, le fait que les moyens d’y parvenir soient maintenant disponibles, que des investissements croissants soient consentis à cet effet pose ces questions avec une toute nouvelle intensité. De plus, il est constant que la puissance technique stimule la folle audace de ceux qui s’en sont dotés. De ce fait, la question de notre responsabilité collective devant notre pouvoir accru d’agir sur les génomes de nos semblables, des bêtes, des plantes et des microorganisme se pose avec une urgence renforcée et en des termes renouvelés.

 

Biographie succinte du conférencier :

Axel Kahn est médecin-génétien, directeur de recherche à l'INSERM. Il a défendu sa thèse de doctorat en médecine en 1974 puis en 1976 il intégre l'INSERM en tant que chargé de recherche. Ses premiers travaux porte sur l'enzymologie, et il s'intéresse en particulier aux anomalies biochimiques à l'origine des anémies. Dans les années 1990, il montre, avec son équipe, l'efficacité d'une thérapie génique sur la myopathie de Duchenne. En 1998, il démontre l'importance des mutations génétiques dans les cancers primitifs du foie.

En parallèle de ses activités de recherche, Axel Kahn s'est fortement impliqué dans les débats de sociétés actuels, en s'opposant notamment contre le clonage génétique et les OGMs. En Octobre 2007, il devient Président de l'Université Paris-Descartes. Il a par ailleurs, écris de nombreux ouvrages, comme "Pensées en chemin : ma France des Ardennes au Pays basque" où il raconte sa traverser à pied de la France métropolitaine.

 

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