Les plus grands trésors trouvés au détecteur de métaux
Publié par Laurent Mogard, le 7 décembre 2025 41
L'utilisation d'un détecteur de métaux, souvent perçue comme un simple loisir, peut parfois mener à des découvertes d'une portée historique et pécuniaire considérable. Ces trouvailles exceptionnelles, réalisées par des amateurs comme par des passionnés expérimentés, permettent de mettre au jour des pans oubliés de notre histoire. De l'amas monétaire gaulois de Jersey, contenant des dizaines de milliers de pièces, aux artefacts guerriers anglo-saxons du Staffordshire, en passant par des objets uniques comme des médaillons royaux ou d'immenses pépites d'or, ces découvertes illustrent la richesse insoupçonnée que recèlent encore nos sols. Elles soulèvent également des questions complexes sur la législation, la déclaration et le partage du patrimoine, variant grandement d'un pays à l'autre et parfois même d'une région à l'autre, comme le montrent plusieurs exemples en France.
Le dépôt monétaire de Jersey, un record européen
En 2012, sur l'île de Jersey, deux prospecteurs, Reg Mead et Richard Miles, ont réalisé une découverte qui allait marquer l'histoire de l'archéologie amateur. Dans un champ situé sur la paroisse de Grosville, leur appareil a signalé une masse métallique d'une ampleur inédite. Après des années de recherches et de fouilles méticuleuses menées par des archéologues, un bloc de terre et de métal de plusieurs centaines de kilogrammes a été extrait. Ce bloc s'est révélé être le plus grand dépôt monétaire de l'âge du fer jamais mis au jour en Europe.

L'étude de cet ensemble, baptisé Le Câtillon II, continue de livrer ses informations. Il se compose d'une masse compacte de plus de 45 000 pièces de monnaie, principalement des statères et des quarts de statère attribués à la tribu celte des Coriosolites, qui peuplait une partie de l'actuelle Bretagne. La valeur de cette trouvaille a été estimée à plus de 15 millions d'euros, mais sa portée scientifique est inestimable. En plus des monnaies, le dépôt contenait une variété d'autres objets qui témoignent de la richesse de leurs propriétaires.
Parmi les objets exhumés aux côtés des pièces de monnaie, on dénombre :
- Cinq torques complets en or
- Quatre morceaux de torques en or
- Trois bracelets en or
- Deux anneaux en or et deux feuilles d'or
- Plusieurs objets divers, dont des lingots et des fibules
L'ensemble d'objets anglo-saxons du Staffordshire
En juillet 2009, Terry Herbert, un prospecteur amateur, explorait les terres d'une ferme près de Lichfield, dans le Staffordshire, en Angleterre. Il fit alors une découverte qui allait redéfinir la connaissance des royaumes anglo-saxons. Il mit au jour le plus grand ensemble d'or et d'argent de cette période jamais trouvé. Connu aujourd'hui sous le nom de "Staffordshire Hoard", cet assemblage comprend environ 5 kilogrammes d'or et 1,3 kilogramme d'argent, répartis en plus de 1500 fragments et objets.
La particularité de cette découverte réside dans le caractère guerrier de la quasi-totalité des artefacts. Il s'agit principalement d'éléments de décoration d'épées, de casques et de boucliers, tels que des pommeaux, des gardes et des plaques ornementales finement travaillées. Datés des VIIe et VIIIe siècles, ces objets témoignent d'un artisanat d'une qualité exceptionnelle et d'une société où le prestige militaire occupait une place centrale. La valeur de l'ensemble a été estimée à environ 3,7 millions d'euros, partagée entre le découvreur et le propriétaire du terrain.
L'étude de ces objets a fourni aux historiens et aux archéologues une mine d'informations sur les techniques de métallurgie, les styles artistiques et les symboles de pouvoir de l'époque du royaume de Mercie. La prédominance d'équipements militaires suggère que ces objets pourraient provenir du butin de plusieurs batailles ou représenter la fortune accumulée par un ou plusieurs seigneurs de guerre de haut rang avant d'être enfouis.
Les découvertes fortuites les plus surprenantes
Certaines des trouvailles les plus spectaculaires sont le fruit du plus pur des hasards, prouvant que la chance joue un rôle prépondérant dans cette activité. L'une des histoires les plus touchantes est celle du médaillon de James Hyatt. En 2010, un garçonnet de trois ans s'amusait avec le détecteur de son grand-père dans un champ lorsqu'il a fait un signal. Avec l'aide de son aïeul, il a déterré un pendentif en or du XVIe siècle d'une grande rareté, possiblement lié à la famille royale Tudor. Seuls quatre exemplaires de ce type de médaillon sont connus, et celui-ci a été vendu aux enchères pour près de 2,8 millions d'euros.
Une autre découverte fortuite remarquable est celle de David Booth en Écosse, en 2007. Alors qu'il était un parfait débutant et venait d'allumer son appareil pour la toute première fois, il a localisé, moins d'une heure plus tard, l'un des plus beaux ensembles de l'âge du fer jamais trouvés dans le pays. Il s'agissait de quatre torques en or, des colliers celtiques datant d'environ 300 ans avant notre ère. Cette découverte, estimée à plus de 1,1 million d'euros, démontre qu'il n'est pas toujours nécessaire de posséder une grande expérience pour faire une trouvaille majeure.
Le tableau ci-dessous met en parallèle ces deux découvertes où la chance a été le facteur déterminant.
| Caractéristique | Médaillon de James Hyatt | Objets de Stirling |
| Année de découverte | 2010 | 2007 |
| Découvreur | Enfant de 3 ans | David Booth (débutant) |
| Type d'objets | Médaillon en or du XVIe siècle | Quatre torques en or (300 av. J.-C.) |
| Valeur estimée | 2,8 millions d'euros | 1,1 million d'euros |
Quand une recherche anodine mène à une fortune
Parfois, un objectif simple et pragmatique peut se transformer en une aventure inattendue. C'est ce qui est arrivé en 1992 à Peter Whatling, un agriculteur du Suffolk, en Angleterre. Après avoir perdu son marteau dans un de ses champs, il a demandé à un ami équipé d'un détecteur de métaux de l'aider à le retrouver. Au lieu de l'outil, l'appareil a signalé la présence de pièces et de bijoux. Conscients de l'ampleur potentielle de leur trouvaille, ils ont contacté les archéologues locaux. Ensemble, ils ont mis au jour le "Hoxne Hoard", un dépôt romain de la fin du IVe siècle.
Le contenu de cette cache est impressionnant : 14 865 pièces de monnaie en or, argent et bronze, ainsi que près de 200 objets de vaisselle en argent et des bijoux en or. Il s'agit de l'un des plus grands et des plus riches dépôts de la fin de l'Empire romain découverts en Grande-Bretagne, avec une valeur estimée à plus de 2 millions d'euros. Le marteau, lui aussi, a finalement été retrouvé.
Une autre histoire similaire s'est déroulée en 1989 dans le désert de Sonora, au Mexique. Un prospecteur local, qui venait d'acquérir un appareil d'occasion, s'est rendu dans une zone connue pour avoir fait la fortune de nombreux chercheurs d'or avant lui. Sa persévérance a été récompensée de manière spectaculaire lorsqu'il a exhumé une pépite d'or de 12 kg. Sa forme particulière, évoquant une botte, lui a valu le surnom de "Botte de Cortez". Cette masse d'or natif a été vendue aux enchères pour 1,55 million d'euros.
Des artefacts vikings et médiévaux d'une grande valeur historique
Au-delà de la valeur monétaire, certaines découvertes apportent un éclairage nouveau sur des périodes historiques charnières. Au Danemark, une histoire qui a commencé en 1911 a connu son dénouement en 2016. Cette année-là, un fermier avait trouvé un magnifique collier en or à tête de dragon dans son champ. Des décennies plus tard, en 2016, des archéologues ont guidé une équipe de prospecteurs amateurs sur ce même site dans l'espoir de trouver des objets associés. Le 1er juin 2016, l'équipe a découvert un pendentif et plusieurs autres bijoux en or qui accompagnaient le collier initial.
Cet ensemble exceptionnel a été attribué au premier roi viking du Danemark, Harald à la Dent Bleue, et est considéré comme un témoignage direct de la naissance du Danemark en tant que nation unifiée au Xe siècle. Aucune estimation financière n'a été communiquée, car sa valeur historique et patrimoniale dépasse toute considération pécuniaire. Il est actuellement en cours d'étude pour révéler toutes les informations qu'il contient.
En 2010, en Angleterre, Mary-Ann Bivins, après des années de prospection sans grand succès, a finalement trouvé un objet remarquable sur un terrain qu'elle avait pourtant parcouru de nombreuses fois. Il s'agissait d'une relique en or vieille de 500 ans, un médaillon représentant la Sainte Trinité. Sa découverte a pris une autre dimension lorsqu'un objet similaire, le "Middleham Jewel", a été acquis par le Yorkshire Museum pour la somme de 2,8 millions d'euros, donnant une idée de la valeur potentielle de sa trouvaille.
Le cadre légal en France, entre collaboration et répression
En France, la pratique de la détection de métaux est encadrée par une législation qui peut être interprétée de manière très différente selon les régions et les interlocuteurs. Cette situation crée un contraste saisissant entre des exemples de collaboration fructueuse et des affaires judiciaires complexes. L'un des cas positifs est celui d'une découverte réalisée en Bretagne en 2012. Un retraité de 78 ans a repéré des fragments de tuiles gallo-romaines dans un champ bordant une ancienne voie romaine. Avec l'autorisation du propriétaire, il a prospecté la zone et a trouvé plus d'une centaine de monnaies des empereurs Gallien et Claude II.
Cet inventeur a choisi de déclarer sa trouvaille. Une collaboration s'est alors instaurée, et le fruit de la découverte a été partagé entre l'inventeur, le propriétaire du terrain et la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles). Cette issue positive a permis une étude numismatique qui a confirmé l'existence de rivalités entre le pouvoir impérial et des pouvoirs locaux qui cherchaient à s'affirmer en frappant leur propre monnaie. De la même manière, la découverte fortuite d'un collier en or à Tayrac en 2006, suivie d'une déclaration, a permis aux archéologues de mettre au jour un site exceptionnel de l'âge du fer, enrichissant considérablement la connaissance archéologique de la période.
À l'opposé, l'affaire du dépôt de Boucq, en Meurthe-et-Moselle, en 1997, illustre les risques encourus par les prospecteurs. Louis Fontenay et Jacques Royer ont découvert un pot en terre contenant 200 pièces d'or des XVe, XVIe et XVIIe siècles. Bien qu'ils aient déclaré leur trouvaille comme la loi le stipule, ils ont été poursuivis en justice pour utilisation d'un détecteur à des fins archéologiques et destruction de site. Le contenu de la découverte a été confisqué puis vendu aux enchères, tandis que les inventeurs ont été condamnés à une amende, sans recevoir aucune part de leur trouvaille. Cette dualité de traitement explique pourquoi de nombreux objets échappent encore aux études scientifiques, par crainte de poursuites judiciaires.
