Rencontre entre "makers" auvergnats

Publié par astu 'sciences, le 24 novembre 2014   920

Plusieurs fois repoussée (pas facile de concilier les disponibilités de chacun !), cette rencontre entre les différents acteurs locaux a pu enfin avoir lieu, le 19 novembre chez Epicentre. Fablabs ? Hackerspaces ? Le débat était vif sur la simple définition qu’on pouvait donner à ces lieux, mais une chose était sûre : de nombreux talents et compétences étaient réunies autour de la table, avec autant d’énergie et d’envies dans les projets passés et à venir.

La réunion, à l’initiative de Jean-David, un des fondateurs et habitants d’Epicentre, était sans objectif affiché autre que l’envie de faire se rencontrer les différents courants et projets de ce petit univers très hétérogène, à l’image des participants ; il y avait un fablab clermontois identifié en tant que tel (Acolab), des entreprises (Exotic Systems, Catopsys), des étudiants (Isilabs), des courants artistiques (l’école des beaux-arts), des sensibilités business (France Business School), des tiers-lieux clermontois (Epicentre, mais aussi le BO Collectif), des projets plus ruraux (Ambert, Vic-sur-Cère avec POBRun), une structure dédiée à la culture scientifique (Astusciences), et des particuliers avec de la curiosité et plein d’envie (Jean-Marc, qui nous a parlé de la Fabrique du Quotidien, Loïc). La liste est impressionnante ! Un énorme merci à tous les participants !

Une des premières questions, qui était à l’origine de cet appel à réunion, était une interrogation : pourquoi autant de projet et aussi peu de concertation ? Le silence précédant les premières minutes était éloquent : les participants, bien qu’ayant beaucoup en commun, ne se connaissaient tout simplement pas, ou peu. Rien que pour cela, cette réunion était utile.

Il faut dire que le milieu des « makers » est fait de plusieurs antagonismes qui ont été largement évoqués au cours des discussions. Car des discussions, on en a eu au cours de ces trois heures d’échanges passionnés : le silence gêné des premières minutes a très vite fait place à l’expression d’opinions aussi vives que franches.

La diversité des profils était la parfaite illustration de ce qui fait tout l’intérêt d’un tel mouvement : être à la croisée des chemins entre designers, artistes, techniciens, hommes d’affaires. Et c’est bien ce qui fait qu’un tel mouvement est difficile à définir, et difficile à porter par les politiques qui s’emparent du dossier : on peut se réfugier derrière l’emblématique impression 3D, mais ça serait clairement se priver de toute la richesse de ce croisement entre cultures et savoirs-faire.

Il était du coup d’autant plus important d’évoquer clairement ces fameux antagonismes, ne serait-ce que pour les identifier, qui rendent l’union des forces aussi compliquée :

Quel(s) pont(s) dresser entre les démarches d’économie sociale et solidaire et les projets de startups d’objets connectés ?

Entre la lutte contre l’obsolescence programmée et les process d’industrialisation ?

Entre la volonté de tout repenser, reconstruire, rebâtir, et le lien avec les politiques locaux forcément bien établis et institutionnels ?

Entre l’exigence austère de l’exploration de terrains inconnus, de l’auto-apprentissage, et le souhait de transmettre le savoir au plus grand nombre ?

Entre les souhaits d’autonomie et d’indépendance, et la nécessité d’acheter du matériel forcément coûteux, dans des locaux forcément vaste ?

Beaucoup de questions, et, pourtant, l’impression de sortir de ce rendez-vous sans la frustration souvent ressentie par ailleurs de ne pas avoir beaucoup avancé, de n’avoir brassé que du vent sans vrai espoir d’aller beaucoup plus loin, ou alors dans des chemins trahissant l’esprit et la valeur ajoutée originels.

Déjà, l’idée d’une fédération, d’un collectif, est tout naturellement sorti des échanges. Pour se faire connaître et reconnaître, à la fois du grand public et des institutionnels. Mais aussi, et c’est sans doute le plus important, pour concrétiser un truc qui a été ressenti par beaucoup autour de la table : l’impression, et plus que l’impression, que l’ensemble des talents ici rassemblés pouvaient faire de grandes choses, pour peu que la petite flamme allumée soit entretenue.

Et, pour que le soufflet ne retombe pas, les volontés semblent là : se revoir, rapidement, ‘cristalliser’ les petites magies de ces rencontres, par un week-end où l’on pourrait construire, bidouiller, apprendre à travailler ensemble. Et puis partir vers un projet d’événement, comme il y a pu en avoir en mai dernier à Aubusson. Un événement sur plusieurs jours, à la fois ouvert au public, à la pédagogie, mais laissant aussi la part belle à l’expérimentation, aux échanges entres techniciens, à la création artistique, à l’aide au lancement de projets d’entreprises.. Bref, à l’image de l’ensemble des sensibilités rassemblées lors de cette belle réunion : des talents très polymorphes, mais partageant l’envie de créer autour de tous ces outils et techniques.

Alors, est-ce le jour zéro d’une fédération des ‘makers’ locaux ? On en reparlera, et rapidement !