Pokémon GO, de la collectionnite à la sortie sociale

Publié par Jean-Charles Deuil, le 17 juin 2025

Des dizaines de milliers de participants à Paris pour un événement… Pokémon

Des centaines de dresseurs immortalisant leur journée devant Pikachu et le château du domaine de Sceaux

Du 13 au 15 juin 2025, le premier Pokémon GO fest en France s’est déroulé à Paris. Les fidèles de ce jeu mobile ont pu déambuler dans la ville et surtout dans le parc de Sceaux, habillé pour l’occasion. Si vous étiez dans ce parc ou tout simplement dans la ville ce week-end là, vous avez peut-être été interloqués par des troupes de personnes toutes munies de leur téléphone et d’un câble de recharge, très probablement relié à une batterie externe cachée quelque part…

Mais comment un jeu sorti en 2016 qui a fait parler de lui maintes fois, continue à rassembler des joueurs du monde entier (et sont prêts à parcourir des milliers de kilomètres juste pour ce festival Pokémon) ?

Pokémon GO, une sortie mondiale exceptionnelle en juillet 2016

La boutique présente sur le parc de Sceaux ne s'est jamais désemplie du week-end

Souvenez-vous, des cohortes de joueurs déambulant dans les rues des villes, qu’ils soient anciens ou nouveaux fans de la licence Pokémon, désormais franchise la plus lucrative au monde (147 Milliards de dollars récoltés au moment de l’étude sortie en avril 2024). Plus de 250 millions de personnes avaient téléchargé l’application entre juillet et août de cette année là.

Et pourtant, à la fin de l’été 2016, l’engouement retombait et presque plus personne ne jouait au jeu mobile, faute de bugs récurrents et de l’effet nouveauté passé. Niantic, la firme créatrice de Pokémon GO, ne s’est pas pour autant découragée, bien au contraire. Grâce aux millions générés par les achats dans le jeu durant l’été (loin d’être obligatoires pour ceux qui se demandent), ils ont pu largement tenir leur calendrier et incorporer petit à petit des fonctionnalités, des événements et fidéliser une communauté de joueurs à travers le monde. Le jeu n’avait pas disparu, il était juste plus discret.

Ainsi, en juillet 2017, Pokémon GO propose à ses fans de se retrouver pour un premier événement mondial à Chicago : 20 000 personnes se présentent alors au Grant Park de la ville. Mais le résultat n’est pas à la hauteur, de nombreux problèmes de connexions et de plaintes qui s’ensuivent obligent la firme américaine à rembourser le prix du ticket et d’autres compensations comme le Pokémon rare de cet événement, afin de ne pas perdre ses joueurs. Niantic apprendra de ses erreurs et désormais, les événements mondiaux sont plutôt bien gérés et très attendus.

Pokémon GO, un jeu social avant tout

L'entrée du parc, avant d'être pris d'assaut

Cela nous amène donc à Paris en ce mois de juin 2025. Les événements planétaires ont pris de l’ampleur puisqu’après Osaka et Jersey City, Paris vient clore le triptyque du Pokémon GO fest 2025. Chaque ville française, qui possède sa propre communauté, a ainsi pu proposer et organiser un déplacement jusqu’à la capitale. Le jeu propose en effet aux joueurs de se regrouper entre eux, même en dehors de tels événements : faire des échanges, remplir des quêtes, combattre des boss ou bien comparer ses stratégies, tout est plus facile à plusieurs et c’est le leitmotiv de Pokémon depuis ses débuts.

9h00 le vendredi matin : début de la chasse, les dresseurs partent vadrouiller jusqu'à l'autre bout du domaine

Alors quand je me suis baladé dans le parc de Sceaux, le jardin du Luxembourg ou celui des Tuileries, j’ai moi-même pu constater que les joueuses et joueurs se déplaçaient en toutes sortes de groupes : les parents avec leurs enfants, des potes venant d’un autre pays avec des pancartes dans le dos où étaient inscrits les Pokémon qu’ils recherchaient (car chaque région du monde possède des exclusivités), ou encore ce couple allemand avec qui j’ai fait le trajet en RER entre Sceaux et Paris. Bref, l’occasion d’ajouter des amis du monde entier dans le jeu, de recevoir et de leur envoyer des cadeaux à l’effigie des coins les plus emblématiques de chaque ville, campagne et d’ainsi découvrir le monde d’une autre façon.

Et les sciences dans tout ça ?

Tous et toutes ont le même objectif : tous les attraper. Mais une fois qu’on les a attrapés, pourquoi la majorité des joueurs reste sur le jeu ?

Tout réside dans la rareté du Pokémon attrapé. Pour chaque Pokémon, vous avez différentes formes à collectionner : celui qui a des statistiques maximales (surnommé le parfait ou 100%), celui qui a une couleur différente (chromatique ou shiny en anglais), le chanceux (obtenable uniquement par échange), l’obscur et le purifié (en combattant la Team Rocket, les méchants du jeu), et bien d’autres encore allant pour certains Pokémon jusqu’à 11 formes différentes (sans compter les Pokémon costumés, disponibles uniquement sur certains événements).

Les 11 formes différentes du Pokémon Dracaufeu, sans compter les versions costumées

Mais rien que pour avoir une de ces formes il faut avoir beaucoup de chance. Sans bonus, la probabilité d’obtenir un Pokémon parfait est de 1/4096 ! Vous souhaitez un Pokémon chromatique : 1 chance sur 500 d’en rencontrer un dans la nature (et je ne vous parle pas de la combinaison des deux). Même avec les bonus, collectionner les Pokémon sous toutes leurs formes relève du défi impossible et chaque dresseur aura donc toujours une mission non achevée dans le jeu. Mais là encore, grâce à la puissance des communautés, vous trouverez plus facilement un Pokémon parfait car si votre voisin en trouve un dans la nature, il vous le dira et vous pourrez capturer le même ! Chaque joueur (s’il en a envie) pourra donc partager ses trouvailles et aider ses partenaires de jeu pour se rapprocher plus vite du bestiaire complet, le fameux Pokédex.

L'aspect mathématique prend une place non négligeable dans la compréhension du fonctionnement du jeu. Mais au-delà des probabilités ou des statistiques des Pokémon, il y a de vraies recherches sur les inspirations des monstres de poche qui ont été réalisées, touchant de près ou de loin beaucoup de branches scientifiques (biologie, géologie, histoire, géographie, etc.).

A travers toutes ces interactions, de l’échelle d’une fratrie aux événements mondiaux, Pokémon GO a su et continue de nous rassembler. Pour ma part, l’univers de ces monstres de poche ne se limite pas qu’à ce jeu mobile alors merci à Satoshi Tajiri, le concepteur de Pokémon, qui en 1991, a eu l’idée de créer un petit jeu dont le but était de collectionner des bestioles, tout comme lui collectait les insectes dans sa jeunesse.