« Dormir moins bien par la faute des écrans »

Publié par Michel Naranjo, le 11 mars 2020   1.1k

J’ai eu le plaisir de reproduire l’interview de Michel Desmuget dans le journal « Le Monde » à propos de son livre « La fabrique du crétin digital, les dangers des écrans pour nos enfants ». Une des raisons est qu’à la lecture de son livre, j’ai été impressionné par la très grande quantité de références bibliographiques : 1082 ! dont la plupart relatent l’expérimentation.

Je prends comme exemple le chapitre : « Dormir moins bien par la faute des écrans », et l’auteur précise :

« Un grand nombre d’enfants et d’adolescents (entre 30% et 90% selon l’âge, les pays et les seuils retenus) présentent un temps de sommeil très inférieur aux minima recommandés. Pour une part significative, cette dette de sommeil, en sérieuse augmentation depuis vint ans, est liée à des consommations numériques de plus en plus massives. Tous les supports et usages sont alors concernés, depuis la télé jusqu’aux jeux vidéo, en passant par le smartphone, la tablette et les réseaux sociaux. De même, tous les paramètres du sommeil sont touchés, qu’ils soient qualitatifs (nuits fractionnées, difficultés d’endormissement, parasomnies etc.) ou quantitatifs (durée) ».

En accord avec les thèmes développés dans cette communauté : « cognition et apprentissage », je prends comme exemple « Le manque de sommeil provoque une diminution de la maturation cérébrale et du développement cognitif ».

Voici les références :

  • Rollot O. “La Génération Y” PUF, 212.

                . Touchette E et al., “Associations between sleep duration patterns and behavioural/cognitive functioning at school entry » Sleep, 30, 2007.

                .  Bisson J., « Le cerveau de nos enfants n’aura plus la même architecture » Le Figaro 2012.

                ·       Decouty E., « Instructions », journal Libération 2013.

                ·       Seegers V. et al., “Short persistent sleep duration is associated with poor receptive vocabulary performance in middle childhood”, J Sleep Res, 25, 2016.

                ·       Gruber R. et Al., « Short sleep duration is associated with poor performance on IQ measures in healthy school-age children, sleep Med 11, 210.

On peut trouver ce type d’articles à la bibliothèque de la faculté de médecine. Je me suis intéressé à celui de Touchette et al. (Montreal: Sleep Disorders Center, Sacre-Coeur Hospital, et Department of Psychology) et j’en ai extrait les passages suivants:

Tout d’abord l’échantillon :

« 2 223 familles ont participé à l'étude alors que les enfants avaient environ 5 mois. Les enfants ont ensuite été vus chaque année jusqu'à ce qu'ils commencent l'école primaire. Au total, 1 492 familles ont participé à l'étude jusqu'à ce que les enfants aient 6 ans ».

Et les résultats :

« Les résultats indiquent qu'une réduction modeste mais chronique d'une heure seulement de sommeil par nuit dans la petite enfance peut être associée à la diminution des performances cognitives de l'enfant à son entrée à l'école. Une durée de sommeil courte multiplie par 3,1 le risque de faibles performances sur le « PPVT-R » *. Cela suggère que l'acquisition du langage et la consolidation des nouveaux mots en mémoire pourraient être considérablement entravées par une réduction chronique de la durée du sommeil tout au long de l'enfance. Une performance plus faible au sous-test de conception en bloc a également été observée dans le groupe de sommeil court et croissant. Cela signifie que, bien que la durée du sommeil se soit améliorée à l'âge de 3 ans, A 6 ans le risque d'obtenir un score faible au « Block design subtest » ** reste plus de 2,4 fois plus élevées ».

*PPVT-R (Peabody Picture Vocabulary Test): mesure la réception du vocabulaire d'une personne pour l'anglais américain standard; 

** Block design subtest: c'est l'équivalent du QI.

 

A noter qu’Astu’Sciences a aussi publié sur ce sujet :

https://www.echosciences-auver...

 

Bannir les écrans le soir :

« Techniquement, le fameux noyau supra chiasmatique est sensible à la lumière du jour et aux autres lumières. La lumière du jour va donc entraîner une activité des neurones dans ce noyau. Ainsi, la lumière des écrans, qui est une lumière émise par des leds avec une longueur d’onde bleue, va activer de façon exagérée ces récepteurs et ce noyau (environ dix fois plus).   Un déséquilibre va donc se créer au niveau du noyau mais également au niveau de sa cible qui est la mélatonine. Un retard d’endormissement est souvent observé puisque les écrans sont consultés la plupart du temps en fin de journée. Cependant, le levé lui est souvent imposé par le réveil qui sonne. Les nuits seront ainsi beaucoup plus courtes et beaucoup moins reposantes, c’est à dire beaucoup moins restructurantes. En effet, ce qu’il est important de comprendre c’est que cette activation artificielle nous fait louper une partie du sommeil. Il est donc fondamental de supprimer les écrans avant d’aller se coucher et surtout de ne pas s’endormir devant ».